L'intertextualité (française et étrangère) dans l’œuvre d’Annie Ernaux constitue le fil conducteur de ce volume. Longtemps, une large partie de la critique universitaire a considéré que l’écriture de la vie, telle que la pratique Annie Ernaux dans un esprit de vérité, était une solution de facilité et de pauvreté, abstraite de toute mémoire littéraire. Il nous a importé de montrer combien le travail constant de la mémoire de la lecture et de l’écriture féconde le processus créateur chez Ernaux. C’est indéniablement une œuvre qui prend ses racines dans un terreau d’influences mêlées, admirées ou combattues, où se mêlent les écrivains glorieux (Proust, Flaubert, Woolf, Camus, les écrivains du Nouveau Roman. . .) et des représentants de la culture populaire. Ce livre renouvelle l’approche critique antérieure en mettant l’accent sur la généalogie complexe d’une œuvre tissée à la fois de textes et de discours de la culture lettrée mais aussi poreuse au marmonnement du monde. L’œuvre d’Annie Ernaux est importante à bien des titres, mais aussi en ce qu’elle réussit le tour de force de s’affirmer comme une voix singulière et universelle grâce à un jeu intertextuel et, plus largement intersémiotique, intense et maîtrisé.
Introduction
Annie Ernaux : entretien sur Flaubert avec Françoise Simonet-Tenant
Première partie : Le canon
Maya Lavault – Annie Ernaux, l'usage de Proust ;
Lyn Thomas – Ennemies de classe ou âmes-sœurs : Virginia Woolf et Annie Ernaux ;
Linda Rasoamanana – Annie Ernaux et Albert Camus : transfuges et médiateurs ;
Thomas Hunkeler – Annie Ernaux et le Nouveau Roman : une histoire d'amour ratée ?
Deuxième partie : Lectures étrangères : politiques du chagrin
Élise Hugueny-Léger – « À cette époque-là, c'était toujours fête » : Ernaux et Pavese, la solitude en partage ;
Nathalie Froloff – Vie et Destin : « le livre impossible à écrire » ?
Merete Stistrup Jensen – L'autobiographie impersonnelle : George Sand, Selma Lagerlöf, Gertrude Stein et Annie Ernaux.
Troisième partie : intermodalité
Michèle Bacholle-Boškovic – L'intersémiotique chez Annie Ernaux : un dialogue au-delà de l’écriture ;
Fabien Gris – La cinémathèque d’Annie Ernaux ;
Véronique Montémont – La chambre d’échos ;
Pierre-Louis Fort – Le journal intime à/et l’œuvre : allers-retours textuels ;
Fabrice Thumerel – Écrire contre pour écrire la vie : Les Années.
Conclusion