Héritière des anciennes communautés rurales, la "section de commune" consacre une forme de propriété collective originale dans nos sociétés modernes. Du simple couderc de hameau aux forêts de rapport, de la modeste prairie aux vastes domaines pastoraux d'altitude, ce sont 300 000 hectares sur lesquels les habitants de plusieurs milliers de “sections” du Massif central exercent leurs droits. Malgré son ampleur, le phénomène reste mal connu. Est-ce parce qu’il constitue un véritable défi à la rationalité administrative et économique d’aujourd’hui ? Toujours est-il que l’héritage se maintient, survit aux remises en cause, aux tentatives de suppression et, singulier paradoxe, peut même se prévaloir d’une reconnaissance institutionnelle jamais démentie. Une telle continuité renvoie à l’évolution des usages et des pratiques socio-spatiales, que le géographe s’efforce de saisir par les enquêtes de terrain. Les sociétés locales révèlent alors la complexité de leurs rapports au patrimoine commun. On prend la mesure des forces d’inertie, des multiples antagonismes, des conflits sans fin…, mais on découvre aussi d’étonnantes capacités d’adaptation et d’initiative qui interrogent sur une possible intégration du fait sectional aux dynamiques de développement.