Fortement ancré dans nos sociétés occidentales, l'anniversaire est un rite de commémoration et de confirmation, de ratification et de réassurance, auquel les traités de savoir-vivre consacrent une large place. Avec son rituel (les invitations, les cadeaux, le gâteau d'anniversaire, les bougies, la fête), cette « fabrique » de l'anniversaire célèbre et construit l'identité individuelle au travers d'un moment éphémère et qui a pris une place fort importante chez les enfants, témoignant de l'évolution du statut de l'enfance dans les sociétés postmodernes.
Historiens, anthropologues, ethnologues, sociologues, spécialistes de littérature et de cinéma se penchent ici sur cette célébration de l'âge qui peut à certains égards sembler paradoxale, et en analysent toute la complexité et les ambivalences.
Et les poètes — qu'il s'agisse de Pétrarque, de Voss ou encore d'Elizabeth Bishop et de Mario Luzi — font de l'expérience temporelle un événement existentiel singulier et profond. Le cinéma également, avec les Damnés de Luchino Visconti déployant une quasi circularité qui renvoie à l'étymologie du mot anniversaire, avec Hôtel de France de Patrice Chéreau et Festen de T. Vinterberg, qui offre de dramatiques vues de descente aux enfers des réunions de famille autour du pater familias, ou encore Providence, d'Alain Resnais qui fait résonner une tonalité grave et même tragique dans cette fête où l'ombre de la mort toute proche s'étend sur le repas d'anniversaire. Le théâtre n'est pas en reste pour faire de la scène de l'anniversaire remontée du temps par la mémoire chez Tadeusz Kantor ou une métaphore de la quête identitaire chez Harold Pinter (The Birthday Party) où le retour du même signifie une fêlure et une désagrégation de l'identité dans cette journée pas comme les autres.