Parmi la quarantaine de paraboles que compte le Nouveau Testament, l'une des plus célèbres est celle de l'enfant prodigue, bien que Luc soit le seul évangéliste à la rapporter. Elle met en scène deux fils dont le cadet réclame son indépendance pour mener la belle vie avant de revenir, désargenté et honteux, vers son père au grand dam du frère aîné, resté à travailler dans le domaine familial. Derrière la fausse clarté du récit, tout en réalité fait question: la sincérité du repentir, la réintégration sans condition accordée par le père, la frustration du grand frère, la fin brutale de la narration… Récit exemplaire de la conversion du pécheur, la parabole du fils prodigue ne se comprend bien que replacée dans son contexte immédiat et polémique au sein d’un véritable triptyque de la miséricorde.

Après avoir étudié la péricope elle-même (Lc 15, 11-32) et le genre littéraire auquel elle appartient, cette dix-huitième livraison de Graphè s’arrête sur quelques-unes des nombreuses relectures qui nous ont été transmises depuis les Pères de l’Église jusqu’au roman contemporain, avec une attention particulière pour la pièce de théâtre Courtois d’Arras au Moyen Âge. La parabole a été abondamment illustrée au fil des siècles, à travers vitraux, peintures et sculptures, comme en témoignent deux études réservées à l’iconographie. Il est remarquable qu’en fonction des époques, c’est tantôt la figure du Père, tantôt celle du fils prodigue, voire celle du fils aîné qui est revisitée par les différents auteurs.