Issu de la rencontre entre historiens, historiens de l'art, littéraires et musicologues, cet ouvrage propose une synthèse des travaux récents et nombreux sur la Révolution et les arts de la scène (théâtre, opéra, danse). Partant des héritages du théâtre de foire, de la querelle des Bouffons et de ses conséquences sur les formes de l'opéra, des difficultés des grandes institutions parisiennes soumises à la concurrence des boulevards avant même 1789, la chronologie s’étend jusqu’à la réorganisation impériale du territoire théâtral français en 1807-1808 et n’omet donc pas l’analyse des rythmes provinciaux (voire des temps de l’émigration). Pour mieux appréhender la nature des échanges entre la salle et la scène, les auteurs abordent les questions de l’engagement politique des artistes, des pratiques des amateurs, des publications critiques, des encouragements gouvernementaux, de la censure et de l’autocensure. Les thèmes du répertoire, liés au souci de pédagogie politique au profit de laquelle la danse est convoquée, ou à la mode des divertissements, donnent donc lieu à de nombreux développements : valorisation des tragédies républicaines ou républicanisées, miroirs de l’action publique (la conscription, la religion, la prison fournissent sujets et décors), préludes au romantisme (le suicide, la déchéance, le souterrain nourrissent l’univers du drame). Ni la défense du théâtre engagé par une société telle que le Portique républicain, ni sa remise en cause par des auteurs tel que Restif de la Bretonne ne sont oubliées, jusqu’aux suites plus contemporaines de ce débat qui parcourut écritures et pratiques théâtrales au 20^e siècle.