« Je voudrais [...] que ma chère femme, après avoir fait un choix à sa convenance de ce qu'elle voudrait ou pourrait conserver, fit faire une vente après visite d’expert [...] de ma peinture, dessins etc. » Quand Félix Marant- Boissauveur rédigea ses dispositions testamentaires, le 31 décembre 1890, qu’espérait-il? Peut-être souhaitait-il faire connaître son « travail d’art » aux connaisseurs, collectionneurs et transmettre ainsi aux générations suivantes ce qui avait frappé sa curiosité de jeune homme. Arpentant la Bretagne dans les années 1830-1840, il a représenté, avec grand souci d’exactitude, les architectures, les costumes et les paysages et, la retraite venue, il a rassemblé soigneusement ses dessins par ordre chronologique. Curieux destin pour ce carnet de dessins, enfoui dans une bibliothèque et publié plus de cent ans après la mort de son auteur. Sa publication nous conduit sur les traces de ce marin, habile dessinateur, qui croque son pays avec un œil d’ethnographe. Les meilleurs spécialistes du costume et de l’architecture, de l’histoire de la marine et de la peinture en Bretagne ont mené l’enquête pour faire revivre cet artiste. Ils ont pris le parti de mettre en récit les dessins en les commentant à l’aune de leurs savoirs érudits. Poussant toujours plus loin leurs hypothèses, ils tissent des liens entre les lieux, suggèrent des rencontres probables, possibles ou manquées. Outre la découverte d’une œuvre exceptionnelle, la subtilité des analyses donne tout son intérêt à l’ouvrage. Il reste bien des zones d’ombre dans la vie et l’œuvre de Félix Marant-Boissauveur; d’autres albums semblables sont encore à retrouver. Félix Marant-Boissauveur conservera son mystère, mais nous aurons cheminé à ses côtés au cœur d’une Bretagne aujourd’hui évanouie.