Charles L'Eplattenier, Le Corbusier, René Chapallaz: si les deux premiers sont très connus, le troisième - un architecte pourtant majeur du Jura bernois et du canton de Neuchâtel, à la renommée suisse et internationale - est longtemps resté dans l’ombre.

Collaborateur de L’Eplattenier, il réalise avec lui le Musée des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds. Sollicité par le célèbre peintre pour instruire le Cours supérieur de son École d’art, il initie une nouvelle génération d’architectes à la profession, parmi lesquels Charles-Édouard Jeanneret-Gris, futur Le Corbusier. Il participe au développement d’un vocabulaire architectural Art nouveau, teinté de régionalisme.

C’est toutefois dans le contexte de démocratisation de la photographie au tournant du XX^e siècle, à l’aune de l’histoire des représentations en architecture, que cet ouvrage met en lumière cet architecte avant-gardiste, dépositaire d’un système de béton armé, spécialisé dans les enjeux constructifs phares de son époque. Photographe amateur, Chapallaz emploie d’abord la photographie pour se constituer un répertoire de modèles architecturaux et documenter son œuvre. Par l’image, il saura valoriser et affilier sa production. À terme, le medium lui permettra de démontrer son savoir-faire à sa clientèle et de s’affirmer comme architecte-artiste.

Ainsi, si ce livre permet la (re)découverte originale de l’œuvre de Chapallaz, il participe également à la compréhension de la photographie architecturale, pratiquée de façon novatrice au tournant du XX^e siècle.