La religion serait-elle devenue une affaire strictement privée, à moins qu'elle ne soit le terreau des passions identitaires ? Sans méconnaître ces modalités sociales d'existence du phénomène religieux, on s'est efforcé dans cet ouvrage de ressaisir dans toute son extension, et avec ses limites, la place de la religion dans l'imaginaire instituant auquel s'alimentent souvent les projets pour ou contre l'Europe. Entre religions et Europe(s) les rapports ne sauraient être simples car ces termes désignent des entités composites, des niveaux de réalité (traditions, institutions, groupes, acteurs...) qui ont chacun une temporalité spécifique, et qui ensemble expriment diverses manières, parfois convergentes, souvent divergentes, d'articuler expériences historiques et attentes, et religieuses et politiques. Ces études sont autant d'explorations de l'entrecroisement de traditions culturelles, religieuses et politiques ; de traditions qu'on ne saurait traiter d'emblée comme des survivances ou des sources de rigidité. La richesse des faits étudiés recommandait de multipier les perspectives interprétatives, témoins de l'ouverture des jeux du sens qui font l'étoffe de toute action et a fortiori d'une Europe dont l'histoire reste aussi indécise que les frontières.