Toute civilisation se développe dans un espace qui lui est propre. L'espace la modèle en partie, elle le fait sien en retour, d'abord par la manière dont elle l'utilise et l'organise spontanément ou délibérément (espace de la maison, de la ville, du territoire), puis par la manière dont elle en prend conscience, dont elle le représente (textes et représentations figurées, cartes), le conceptualise (théories concernant la forme de l'oikoumène ou celle de la terre) et, éventuellement, réussit, avec ses philosophes, à élaborer un penser et un vécu particulier de l'espace. Parvenir à comprendre ce qu'ont été les rapports des sociétés de l'Antiquité grecque et romaine avec l'espace et déterminer si ces rapports ont été les mêmes dans le monde grec et dans le monde romain ou si ceux-ci, différents à l'origine, se sont mutuellement influencés ou supplantés, est une des voies par lesquelles nous pouvons approfondir notre connaissance de ces sociétés et mieux cerner leur originalité. Tel était le but que s'était fixé le Séminaire Courby intitulé « L'espace et ses représentations ». Programme ambitieux, certes - un peu trop, sans doute. Mais il nous a semblé que le cadre naturel de la Maison de l'Orient Méditerranéen-Jean Pouilloux nous offrait les moyens voulus pour mener ce type particulier de recherches. Pour parvenir à des résultats de quelque intérêt, ces dernières nécessitaient en effet une collaboration aussi étroite que possible entre deux types de spécialistes : les spécialistes des textes et les spécialistes de terrain. Tel fut toujours, joint à une volonté constante de ne jamais couper la recherche de renseignement, l'esprit qui anima Jean Pouilloux, celui qu'il s'efforça d'inspirer à ceux qui furent ses élèves, et celui qui présida à l'édification de cette Maison.