L'État de Ségou et ses chefferies aux XVIIIe et XIXe siècles



L'État de Ségou et ses chefferies aux XVIIIe et XIXe siècles

Côté cour, côté jardin




Moussa Sow

Décédé brutalement en août 2021 à l'âge de 68 ans, Moussa Sow était auteur d’une quarantaine d’articles et codirecteur de trois ouvrages. Portées par une curiosité sans borne et un regard aiguisé, ses recherches ont abordé des sujets aussi divers que le boisement des Landes de Gascogne, la problématique du regard africain sur l’Europe, les évolutions de l’islam contemporain, la décentralisation ou les gouvernances locales au Mali, ou encore la crise sahelienne. Sociolinguistique de formation, il a nourri au-delà de cette diversité une préoccupation constante de contribuer à l’anthropologie politique de par le détour du langage, notamment à travers une lecture fine des textes de tradition orale. Considérant les textes épiques oraux comme des expressions politiques complexes, convaincu du caractère précieux des oralités périphériques aux épopées griotiques notoires, l’homme de terrain qu’il était s’acharnait à pénétrer les différentes couches de la tradition orale pour en faire une exégèse rigoureuse, gardant une échelle locale, voire microscopique, tout en construisant un socle analytique utile pour revisiter les notions classiques de l’anthropologie politique africaniste. Féru de littérature, notamment des œuvres de son ami Umberto Eco avec lequel il partagea longtemps un programme d’anthropologie réciproque, il convoquait avec la même aisance l’anthropologie, l’histoire, la sociologie et la linguistique. Ses recherches, qui doivent beaucoup à son impressionnante érudition, ont également tiré profit de sa plume singulière. Flirtant avec la littérature, son écriture aux allures poétiques ne contrarie en rien l’exigence de son style, la précision de son vocabulaire ou la rigueur de son raisonnement anthropologique. Refusant de monter en généralité et de trancher sur des questions complexes, il savait laisser en suspens celles qui ne pouvaient se plier à une analyse implacable, tout en avançant prudemment des pistes pour saisir de la manière la plus juste la complexité et la fluidité des situations sociopolitiques, passées comme contemporaines. Ceux qui ont eu la chance de côtoyer Moussa Sow savent qu’on ne pouvait attendre de lui ni catégories réductrices, ni interprétations simplificatrices. Ils connaissent aussi les engagements politiques de ce défenseur acharné de la liberté et de la démocratie. Ils mesurent enfin la puissance intellectuelle que cachaient sa diplomatie et sa grande humilité. Apogée de son projet scientifique, l’ouvrage qui paraît aujourd’hui vient enrichir l’anthropologie politique des sociétés africaines précoloniales de cas d’études extrêmement précis fondés sur ses collectes de littérature orale dans les zones périphériques de l’Etat de Segu, mais aussi et surtout d’un renouvellement théorique concernant la nature et l’exercice du pouvoir politique, ou la problématique centre/périphérie. Gageons que bon nombre de recherches sauront se saisir et s’inspirer de ce livre, que Moussa Sow nous laisse en héritage et dont il n’aura hélas pas eu le plaisir de voir la version imprimée. Puisse ce texte combler une partie du grand vide que cette figure majeure de la vie intellectuelle malienne laisse derrière lui.




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