Afin d'interroger le thème de l'insulatité "trop" évident pour qui travaille, de près ou de loin, sur la Grande-Bretagne et beaucoup plus largement sur le monde anglophone, nous avons choisi cette marque du pluriel – Insularités – pour qualifier ce que les dictionnaires s'appliquent à définir presque systématiquement au singulier. Nous avons donc voulu penser et étudier diverses facettes du « caractère de ce qui est insulaire, propre à une île », aborder le terme dans sa richesse polysémique, travailler les représentations, forcément dynamiques, les imaginaires, nécessairement changeants, cerner des vécus en devenir. Les différents intervenants ont ainsi librement caboté d'îles en îlots, à travers les lieux, les temps, les objets, les méthodologies – du dix-huitième au vingt-et-unième siècle, de l'Angleterre au Pacifique Sud, de l'opéra à la linguistique, du roman au cinéma et à l'histoire politique, de Haendel à Dickens, de Lamming à Lessing… Ainsi, donc, ils ont produit ce livre archipel, reflet de deux journées d'échanges et de débats au cours desquelles, détournant Stevenson et son Île au Trésor, chacun aura eu à cœur de chasser « le trésor de l'insularité » dans le champ propre de sa recherche, afin de mieux baliser cet espace insulaire, souvent farouchement isolé, parfois refuge identitaire, île faussement "sauvage" ou territoire illusoirement "vierge".