Lieu de brassage des colons castillans, Santiago du Chili, dernière extrémité occidentale de l’empire, est aussi celui d’un intense métissage entre Africains, Indiens et Espagnols. Comment le groupe espagnol, malgré sa faiblesse démographique, est-il parvenu non seulement à se perpétuer et à s’élargir mais également à imposer ses valeurs ? L’histoire de cette hégémonie n’est pas celle d’une acceptation passive. Seul un équilibre tendu entre la violence de rapports sociaux issus d’une conquête sanglante et une attitude intégratrice à l’égard des populations africaines et amérindiennes a permis aux expatriés de réaliser aux “Indes” une société nouvelle. Cette composition, entre brutalité et ouverture, est le fondement de la puissance des colons et de leurs descendants, contraints de conserver, par une savante politique d’alliances, les signes extérieurs de l’hispanité. Cette stratégie complexe constitue le ressort essentiel de l’hispanisation profonde de la société santiaguine au 17e siècle – et l’une des clés pour comprendre le Chili d’aujourd’hui.