La bibliographie consacrée à Bernard Palissy est considérable et, pourtant, ses créations n’ont pas fini de dévoiler leurs secrets. Le dossier thématique de ce numéro met l’accent sur les nouvelles connaissances de la production matérielle de l’artiste. Mais mieux connaître ses oeuvres, c’est aussi chercher à comprendre la fascination qu’elles ont exercée sur les céramistes qui s’en inspireront, et faire la part entre ce qui est propre au Maître et ce qui lui est attribué. Après l’étude de la production assurément attribuée à Palissy, étude rendue possible par la découverte des vestiges de son atelier lors des travaux du Grand Louvre dans les années 1980, aujourd’hui, les avancées les plus marquantes concernent sans conteste les céramiques des XVIIe et XVIIIe siècles appelées ici « post-palisséennes ».

Ce numéro de Technè a pour ambition de refléter une partie des recherches les plus récentes, résolument pluridisciplinaires, menées sur ce sujet. Elles émanent de l’étroite collaboration entre trois institutions : le musée du Louvre, le musée national de la Renaissance à Ecouen et le centre de recherche et de restauration des musées de France. Ont également participé à la qualité de ce dossier des chercheurs français et américains, ainsi que des restauratrices. Les seize articles réunis donnent au lecteur un aperçu des travaux en cours sur Palissy, montrent divers aspects de son génie technique non seulement comme céramiste mais aussi dans le domaine du moulage, donnent des critères d’authentification et proposent des orientations pour mieux se situer dans le paysage complexe de « l’après-Palissy ». Ces œuvres moulées à glaçure plombifère, parfois inspirées par Palissy et qui lui sont souvent attribuées à tort, se comptent par milliers dans les collections des musées. On ignore généralement la composition de leurs matériaux, pâtes ou glaçures, et leur lieu de création. Les ateliers de production se situaient-ils à Fontainebleau, à Avon, en Saintonge ou en Normandie ? La conjonction de recherches historiques avec une étude des matériaux et des provenances sur un groupe d’œuvres significatives bien datées des XVIIe et XVIIIe siècles conservées dans les musées du Louvre, d’Ecouen, de Rennes et d’Amiens, révèle une toute autre histoire et suggère un centre de production majeur. Les pistes sont nombreuses, certaines encore à explorer.

Ce numéro 47 de la revue inaugure une nouvelle ligne éditoriale avec la création d’une rubrique Varia. Dans ce numéro, elle se compose de 2 articles, l’un sur la céramique byzantine de Chalcis (XIIe-XIIIe siècles) et l’autre sur la maîtrise des décors riches en fer de céramiques chinoises.