Pour le volume 2017 de notre collection Rip On/Off, nous avons choisi d'éditer une sélection de pièces radiophoniques de Helen Thorington. L'oeuvre écrite de Helen Thorington (née en 1928), publiée dans de nombreux ouvrages collectifs (dont un recueil de commande édité en 2008 par la Tate Modern: Radio, Art, Life: New Contexts), contient à la fois des textes critiques sur les nouveaux médias et des fictions expérimentales sous forme de pièces radiophoniques. Thorington a en effet utilisé dès 1979 l’art radiophonique pour renouveler son écriture, et interroger la question des lieux dans lesquels apparaissent, persistent et disparaissent les voix humaines. En 1981, elle fonde la New Radio and Performing Arts, une organisation américaine qui commande et archive des pièces expérimentales en art radio et art sonore (dont le programme radio New American Radio qui diffusa de 1987 à 1998 des pièces de Pauline Oliveros, Christian Marclay ou Gregory Whitehead). Pionnière du Net Art, Thorington a créé de nombreuses pièces pour Internet, qui, en mettant en scène un espace virtuel et numérique comme lieu de mémoires contradictoires, renouvellent les débats portant sur l’autobiographie et la fiction. Elle a fondé en 1996 le site turbulence.org, l’un des plus grands sites internet d’archive de l’art en réseau. Pensant la fabrication et la performance du récit, Thorington ne cesse de tenir ensemble sous tension – dans son art comme dans ce qu’elle a mis en place pour les autres artistes – les narrations littéraires et les langages numériques. Pourtant, malgré l’importance de son travail, déterminant dans le renouvellement de la radio comme médium créatif et réflexif, son rôle est aujourd’hui largement sousestimé, au profit de ses nombreux collègues masculins. Ce volume, le premier ouvrage à étudier son univers, vise à défaire les effets de cette invisibilisation.