Des images contradictoires circulent sur l'artisanat : pour le sens commun, il renvoie à la figure du travailleur manuel et solitaire qui produit des objets singuliers en petites séries, en marge du système économique. Les organisations représentatives de ce groupe insistent, au contraire, sur les performances économiques générées par ce secteur : l’artisanat, « première entreprise de France », secteur producteur de richesse et créateur d’emplois. Qu’en est-il réellement et que recouvre exactement l’artisanat ? Les dernières enquêtes sociologiques sur les artisans remontent aux années 1970-1980, ce livre entend donc actualiser les connaissances sur ce groupe. Installés à la fin des trente glorieuses, les derniers artisans interviewés sont les baby-boomers qui partent aujourd’hui à la retraite. La génération qui renouvelle les rangs de ce groupe investit l’artisanat dans un contexte socio-économique beaucoup moins favorable. Qui sont donc désormais les artisans et quelles ressources mobilisent-ils pour s’installer à leur compte ? Alors que les frontières du groupe se sont élargies et qu’une politique active en faveur de la création d’entreprises se déploie, on peut se demander par ailleurs si le contexte législatif et institutionnel contribue à modifier le recrutement des artisans. Comparant une population de sortants et une population d’entrants, ce livre s’est attaché à saisir les transformations à l’échelle du groupe professionnel, au niveau de l’organisation du travail au sein des ateliers et à travers la trajectoire socioprofessionnelle suivie par des artisans.