Merleau-Ponty nous touche parce qu'il a vécu les fortunes et les infortunes de l’esprit. en butte aux adversités du réel et notamment à celle d’une mort prématurée, son destin laisse voir que la pensée peut se formuler à elle-même des exigences peut-être impossibles à remplir. Il nous soumet encore, à sa manière, allusive ou détournée, passionnée, une certaine question, celle qui renaît sans cesse, au long du temps et des circonstances, et qui se pose depuis l’origine de la philosophie occidentale : comment la pensée naît-elle dans un homme, comment se développe-t-elle par sa propre puissance et contre d’autres pensées, comment poursuit-elle son chemin et son action dans l’Histoire, longtemps après que cet homme est mort ? Comme celle de Husserl, comme celle de Sartre son alter ego et rival, mais plus discrète, plus légère, et presque oubliée, l’ombre active de Merleau-Ponty se porte encore sur nos chemins.