L'ouvrage que voici est le fruit d'une collaboration de deux ans, entre des personnes venues d'horizons différents, tant sur le plan religieux que par les disciplines et les « terrains » rencontrés.Le livre commence par une investigation sur les origines de la question de la modernité, et sur la forme que le droit et la législation du secteur social ont finalement imposée à la question de l'identité personnelle et culturelle. Mais comment naît la conscience d'identité et la reconnaissance de celle des autres ? Pour approfondir ce point, un détour s'imposait par le « théorique », tant sur un plan psychologique que psycho-sociologique. Le travail social fut également, étudie, comme lieu privilégié de cette alchimie qui transforme en richesse infinie et incommensurable la différence individuelle, de telle sorte qu'elle rende possible le débat public. Il importait également de produire une approche plus large de l'interculturalité comme appel à démocratie. Il n'y a plus, pour celle-ci, de voie d'accès unique comme on le pensait à l'ère des Lumières. Les modelés et les codes sont devenus complexes et interactifs, contre les tendances à une pensée unique qui serait idéalement celle d'une « raison » démocratique universelle. Par le fait même, la « civilité » devient dynamique, toujours soucieuse de rencontres et de confrontations.Nous concluons donc ce travail par une réflexion sur la formation à la démocratie active. La question n'est plus en effet celle d'une pratique non-questionnée de l'interculturalité, au nom d'une political correctedness, mais d'une reformulation de l'idéal démocratique ainsi replacé au centre du débat politique. Cette reformulation n'est pas laissée à la seule appréciation individuelle de chaque citoyen, mais se dégage peu à peu de la dynamique par laquelle les associations et les communautés mettent en oeuvre un tel débat, confrontées qu'elles sont aux problèmes de société qu'elles ont vocation à mieux poser, voire à résoudre. On a pu le remarquer : c'est la volonté de retrouver un tel débat qui avait présidé aux rencontres du groupe. C'est la même volonté qui a conduit à réaliser l'ouvrage.

Jean Marie Breuvart est l'actuel Directeur de l'Institut de Philosophie de l'Université Catholique de Lille, et auteur d'une thèse de doctorat sur le philosophe anglo-américain A.N. Whithead. Il a traduit avec A. Parmentier, aux Éditions du Cerf, le livre d'A.N. Whitehead sur Les Aventures d'Idées (coll. Passages, 1993), et a rédigé le chapitre d'un ouvrage collectif, paru chez Vrin en 1994.Il s'intéresse actuellement aux thèmes éthiques de la philosophie politique. A ce titre, il concentre sa réflexion sur une confrontation entre la pensée de Whitehead et celles de Bergson et d'Eric Weil.

Francis DanversAncien conseiller d'orientation, psychologue, docteur en sciences de l'éducation, maître de conférences depuis 1991, à l'université Charles-de-Gaulle/Lille III. En historien de l'éducation, il a développé des travaux sur l'histoire du mouvement francophone d'orientation scolaire et professionnelle au xxe siècle et publié Le conseil en orientation en France, paru aux Établissements d'application psychotechniques, 1988. Il est l'auteur des 700 mots-clefs pour l'éducation, Presses universitaires de Lille, 1992. Co rédacteur en chef de la revue Spirale, il a dirigé notamment en 1996, la traduction commentée du Vocabulaire à l'usage des enfants des écoles primaires de L. Wittgenstein.