Gaston Leroux (1868-1927) a été grand reporter au journal Le Matin avant d'y publier des romans feuilletons. Sa carrière et son œuvre sont marquées par l’univers médiatique, qui a constitué pour Leroux un laboratoire d’écriture et un support de publication privilégié.

Les deux pans de sa production sont unis par la problématique spatiale: reportages comme romans proposent des représentations élaborées de l’Ailleurs. L’espace dans les textes de Leroux présente un fort ancrage dans l’actualité tout en s’ouvrant à des influences intertextuelles. Jamais limité à un rôle de décor, il joue un rôle de premier plan dans les intrigues et participe à l’élaboration d’un propos géopolitique.

Explicitement, les écrits de Leroux s’inscrivent dans le discours social de leur temps: mobilisant ponctuellement des stéréotypes, ils transposent les relations diplomatiques de la France au sein d’articles et de romans marqués par une forme de patriotisme. Cependant, au sein de cet espace référentiel présenté avec un certain manichéisme, Leroux ménage, grâce à la fiction, des lieux différents où s’exprime une contestation du modèle spatial dominant et qui permettent à l’écrivain d’introduire du jeu dans une conception de l’espace apparemment doxique, d’interroger la mondialisation en cours et de proposer d’autres formes d’organisation spatiale et politique.