Partons à la découverte d'une province méconnue, entre France d'oc et France d’oïl, au moment où les sociétés quittent le Moyen Age pour entrer dans la modernité. Survolons les paysages ruraux du passé et visitons ces villages médiévaux, peuplés de serfs, de religieux et de petits nobliaux.

En Haute-Marche (nord-est du Limousin), la fin de la Guerre de Cent Ans ne permet pas un véritable renouveau économique et social: clercs et seigneurs conservateurs maintiennent une pression forte sur des paysans pauvres, souvent touchés par le servage et exclus des courants commerciaux. L’émigration et le regroupement en communautés familiales permettent la survie dans une province déshéritée, couverte de landes, pauvre en bois et en bon bétail, et où l’on produit surtout du seigle, indispensable céréale de survie.
Pourtant, dans quelques seigneuries, des innovations apparaissent, entre 1450 et 1530, comme le métayage. La société et le paysage s’en trouvent changés, avec l’expansion de réseaux de haies pour l’élevage… et la lente diffusion du bocage. Les seigneurs bâtissent des châteaux, mais aussi des étangs et des moulins; les paysans abandonnent leurs piètres vignes et multiplient les herbages.
Un paysage de plus en plus contrasté se structure, reflet de la complexification croissante de la société. L’utilisation de l’informatique a permis de révéler cette géographie faite de changements, de mutations paysagères découvertes grâce à la lecture d’un important corpus de terriers médiévaux et modernes.