“Les espaces se sont multipliés, morcelés et diversifiés”, écrivait Georges Perec. Des espèces d'espaces imprévues et imprévisibles ont émergé. Pensiez-vous connaître Ténérife? Tout savoir sur Paris ou Nice ? Ne rien ignorer de Montréal ou Saint-Yorre ? Avoir fait le tour du lac de Vassivière-en-Limousin ou au Futuroscope de Poitiers? Et si ces lieux, tous ces lieux, n'étaient que de mobiles escales de l'imaginaire, comme l'était jadis le territoire des Hourrites ? Quel que soit son horizon, la théorie ne cesse d'être confrontée à cette “prolifération anarchique”. Elle s'efforce de s'adapter. Face à la complexité de la tâche, un pan entier de la recherche littéraire a d'ailleurs fini par faire de l'examen des espaces humains un objet privilégié. Peut-être le moment est-il venu de promouvoir une véritable géocritique, qui explorerait le champ des possibles et la ville des prodiges, et qui témoignerait de la richesse des intersections entre texte et lieu.