La Chine, qui a terminé sa révolution et a jeté les bases d'une gigantesque métamorphose, défie les catégories habituelles de la politique. L'énigme chinoise est ici mise en lumière à travers une histoire sociale des villes au xxe siècle, à la veille du basculement qui va faire d'un très ancien pays agraire une société dominée par l'urbain.
Cette phase moderne de l’histoire en longue durée des sociétés urbaines chinoises, dans les contextes successifs des « traités inégaux » et des « concessions », de la dictature du Guomindang et de l’occupation japonaise, de la révolution et du régime maoïstes puis des réformes post-maoïstes, a fait l’objet des travaux de Marie-Claire Bergère à qui ce recueil d’essais rend hommage.
Venus de Chine, d’Amérique et d’Europe, les auteurs écrivent moins l’histoire d’une démocratie absente, selon les formes institutionnelles prescrites, que celle d’un social travaillant sur lui-même en présence des pouvoirs qui se partagent le pays, à Shanghai, à Canton, à Tianjin et à Xi’an. Leur plongée au-dessous de la surface événementielle éclaire l’épaisseur historique des transformations, des mobilisations, des impasses et des paradoxes de la société chinoise au xxe siècle.
C’est dire que cette histoire sociale revendique pleinement la grande tradition qui cherche dans l’enquête historique sur les sociétés les clés de l’intelligence du politique. Ce livre est en ce sens une grammaire historique du mouvement social et politique chinois actuel qui ne doit pas être réduit à un débat abstrait sur les droits de l’Homme. |