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Nouvelles Questions Féministes, vol. 27-n°1/2008À qui appartiennent nos corps ? Féminismes et luttes intersexes
Édité par Lucie Gosselin, Vincent Guillot, Cynthia Kraus, Céline Perrin, Séverine Rey |
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Qu'est-ce que l'intersexualité et comment les personnes intersexes sont-elles traitées en Occident ? Entre les années 50 et 90, lorsqu'un·e enfant naissait intersexe, c'est-à-dire avec des organes génitaux définis médicalement comme "ambigus" (le terme impliquant que le sexe est flou et non qu'il s'agit d'une simple variation anatomique), l'état d'urgence était déclaré. La santé de l'enfant nouveau-né·e n'étant presque jamais en danger, l'urgence était moins médicale que sociale, celle de déterminer le plus rapidement possible le "vrai" sexe de l'enfant : était-ce un garçon ou une fille ? Depuis une dizaine d'années, le temps de réaction s'est rallongé, mais l'impératif culturel de déterminer une fois pour toutes de quel sexe est l'enfant demeure et l'équipe médicale ne parle toujours pas d'intersexualité aux parents. Dans un article pionnier paru en 1990 dans la revue féministe Signs, la psychologue Suzanne Kessler, bien connue pour ses travaux en ethnométhodologie du genre (Kessler et McKenna, 1978), analyse la manière dont les normes de genre cadrent la prise en charge médicale des nouveaux-né·e·s intersexes. Sur la base d'entretiens avec des médecins spécialistes de l'intersexualité (généticien·ne·s, endocrinologues, pédiatres) travaillant dans des hôpitaux new-yorkais, Kessler examine comment les spécialistes posent leur diagnostic, l'annoncent aux parents, et naturalisent le sexe assigné ainsi que les interventions médicales (chirurgie corrective, traitement hormonal, autres) visant à "fixer l'ambiguïté". Son analyse, certes datée et contestable sur bien des aspects, est néanmoins instructive d'une époque et, de manière intéressante, elle rejoint ce que les médecins de l'équipe interdisciplinaire lausannoise nous ont rapporté au séminaire 2005-2006 des pratiques cliniques courantes dans les années 50 à 90. L'un des effets les plus persistants de la pathologisation de l'intersexualité est son invisibilité. La plupart des gens, y compris des féministes, n'en ont jamais entendu parler même si elle est connue depuis l'Antiquité sous le vocable d'hermaphrodisme et que cette question est, depuis quelques années, débattue en dehors du milieu hospitalier. En tous les cas, le nombre de personnes intersexes est plus élevé qu'on pourrait le penser. Leur invisibilité n'est cependant pas très étonnante : l'intersexualité est une étiquette lourde à porter et elle tend à rejeter l'individu dans l'inhumanité. Les contributions qui sont rassemblées dans ce numéro présentent l'intersexualité par des éclairages divers. À notre connaissance, il s'agit du premier ouvrage scientifique en langue française (voire même anglaise) où les auteur·e·s sont majoritairement des personnes intersexes. Il présente en priorité des témoignages de qu'elles vivent et de la manière dont elles (re)construisent leur identité.
Titre
Nouvelles Questions Féministes, vol. 27-n°1/2008
Sous-titre
À qui appartiennent nos corps ? Féminismes et luttes intersexes
Partie du titre
Numéro 1
Partie du titre
Volume 27
Édité par
Lucie Gosselin, Vincent Guillot, Cynthia Kraus, Céline Perrin, Séverine Rey
ISSN
02484951
Éditeur
Éditions Antipodes
Date de première publication du titre
03 mars 2008
Code Identifiant de classement sujet
93 Classification thématique Thema: J
Support
Livre broché
ISBN-10
2889010074
ISBN-13
978-2-88901-007-3
GTIN13 (EAN13)
9782889010073
Référence
NQF271-38
Date de publication
03 mars 2008
Nombre de pages de contenu principal 168
Format
16 x 24 x 1,2 cm
Poids
344 gr
Prix
13,00 €
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NQF271-38 |
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