Le dernier numéro de 1895 REVUE D'HISTOIRE DU CINEMA daté du printemps 2013 (n°69) fait porter un accent particulier sur les questions de la conservation et de la restauration des films. LE POINT DE VUE qui ouvre le numéro, « La conservation des images animées », signé Paolo Cherchi Usai, introduit à la problématique de la conservation des images en mouvement que la mutation technologique de la pellicule (argentique) aux supports numériques bouleverse et repose à nouveaux frais. L'auteur déplore que les archives de films et cinémathèques n’aient guère développé une culture et des savoirs concernant leurs missions à l’égal des autres disciplines liées à la conservation du patrimoine culturel. Le « passage » au numérique aggrave cette situation et met ces institutions à la croisée des chemins. Aussi préconise-t-il de se situer par postulat théorique dans un « après numérique » pour poser un certain nombre de questions qui interrogent le présent : aura-t-on, dans un certain nombre de décennies ou de centaines d’années, su conserver les productions d’images en mouvement qu’elles soient nées numériques ou qu’elles résultent d’un transfert à partir de la pellicule ? Rien n’est moins sûr…
Ces questions trouvent un écho dans la rubrique ARCHIVES qui présente un dossier dont le point de départ est la récente restauration du Voyage dans la lune (1902) de Georges Méliès et les controverses et commentaires qu’elle suscités. Le dossier reprend plusieurs pièces du dossier et examine en amont le moment où ce film a été sacré chef d’œuvre de son auteur, et les différentes philosophies de la conservation qui ont prévalu depuis lors.
Dans la rubrique ETUDES, avec son article « Entre art magique et cinématographe », Frédéric Tabet s’intéresse également à Méliès mais à partir du recours que le cinéaste des trucages fait aux procédés du Théâtre Noir, type de spectacle magique né avant le cinéma. L’auteur est amené de ce fait à réfléchir à la notion d’invention et en particulier d’ « invention inverse ».
Aurore Lüscher étudie pour sa part la place du film les Gaz mortels (1916) dans la filmographie de son auteur, Abel Gance, et plus encore la place déniée qu’il occupe dans l’historiographie.
Ania Szczepanska dans « La guillotine et le pressoir » examine les débats des commissions de censure des films dans la Pologne populaire où s’affrontent ou convergent les avis de représentants des institutions cinématographiques et ceux des professionnels du cinéma, membres de ces commissions.
La deuxième partie du numéro dévolu aux ACTUALITES s’ouvre sur une contribution d’envergure exceptionnelle due à Samuel Lelièvre faisant un bilan des études sur les cinémas africains. Eliza Delveroudi s’attache de son côté à l’historiographie du cinéma grec.
Les rubriques habituelles rendent compte des festivals, rétrospectives et colloques récemment tenus à Montpellier, Bologne, Sao-Paulo et Lausanne.
Enfin l’importance traditionnellement dévolue aux comptes rendus d’ouvrages, de périodiques et de dvd, aux notes de lecture et aux notules des livres reçus ne se dément pas. Ces rubriques occupent en effet près d’un tiers de ce numéro de 250 pages.