Berlinois exilé, le dadaïste Raoul Hausmann passe les trente dernières années de sa vie en Limousin où il y construit une œuvre plastique, littéraire et théorique aussi abondante que méconnue. C’est en 1917 à Berlin que Hausmann devient dadaïste, mais d’une nature nettement plus révolutionnaire que celle adoptée par ses condisciples zurichois. Dadasophe comme il se surnomme, il utilise de nouveaux procédés tels que le photomontage, les poèmes phonétiques (résonance et son de la lettre) et les poèmes-affiches. Très tôt, il procède à la synthèse des arts, faisant en sorte que poésie, peinture et musique s’imbriquent étroitement dans ses œuvres. L’incendie du Reichstag décide d’un exil européen de sept ans. En octobre 1939, la guerre pousse Hausmann et son épouse vers la région limousine. Séparé de ses pairs, isolé du milieu avant-gardiste qu’il a fréquenté et auquel il a participé au cours de son exil, Hausmann s’enracine pourtant dans cette région jusqu’à sa mort (1971). Quelles sont les motivations de ce retrait volontaire ? Quelle résonance cet isolement a-t-il eu sur la production de l’artiste ? Ce sont là quelques-unes des questions traitées dans le livre qui interroge par ailleurs une œuvre et une vie très fécondes.