La correspondance Alexandre Vialatte/Henri Pourrat, dont la publication s'ouvre aujourd'hui, est un ensemble épistolaire quasi inédit, constitué de plus de mille lettres échangées entre 1916 et 1959, année de la mort d'Henri Pourrat. Cette édition constitue grâce à ses inédits et à l'importance de l'apparat critique qui les accompagne, un document de référence. Il renseigne aussi bien sur la vie des deux écrivains souvent méconnus que sur la vie littéraire de la première moitié du 20e siècle. Celle-ci (relations auteurs-éditeurs, revues, prix littéraires…) est en effet saisie de l'intérieur, à travers la vision sans concession de deux de ses acteurs qui échangent en toute franchise leurs avis et expériences. Les lettres de collège inaugurent l'année du centenaire de la naissance de Vialatte. Ces premiers écrits – documents dissymétriques puisque les lettres de Pourrat écrites à cette époque ont été perdues – permettent de découvrir le jeune auteur, élève de l'école libre Notre-Dame de Mont-Roland à Dole, puis de l'institution Sainte-Geneviève à Versailles, qui devient répétiteur au collège de Thiers, puis d'Ambert, tout en suivant des cours à l'université de Clermont-Ferrand. Révélatrices des mentalités du début du 20e siècle, les lettres de collège sont un témoignage indispensable sur la genèse d'une personnalité et d'une écriture. On devine, en filigrane, sous les premiers essais épistolaires du collégien chimérique, la genèse de l'imaginaire étrange du romancier aussi bien que l'étonnante agilité d'écriture du futur chroniqueur.