Au cours de l’année 1790, les constituants travaillent à une réforme de la justice, au sujet de laquelle les doléances étaient fort nombreuses quelques années plus tôt sous l’Ancien Régime. Une justice civile, puis une justice de proximité dite justice de paix, dont les juges sont élus par les citoyens, naissent la même année. Les tribunaux de paix, siégeant dans les cantons abordent tous les événements conflictuels de la vie quotidienne : ici un cabaretier mécontent de créances impayées, là les membres d’une famille bourgeoise qui se disputent la succession d’un parent, là encore la plainte d’un veuf contre son beau-père pour l’exécution du contrat de mariage, donc des biens qui y figurent (20 livres et 4 serviettes). Les auteurs s’intéressent ici à cette justice de paix dans deux cantons de l’Allier (Bellenaves et Ébreuil) de 1791 à la fin de l’An VI. A partir d’un dépouillement systématique et informatisé d’archives cantonales, nationales, parlementaires et de registres municipaux, ils restituent jour après jour la réalité sociale d’une société rurale. Laissant de côté l’analyse des mécanismes institutionnels de la justice révolutionnaire, sujet des quelques études dans le domaine, ils portent leur attention sur la matière même de cette justice : les plaintes qui parlent de la vie des hommes et des femmes du sud Bourbonnais, restituant de la sorte la vie des justiciables.