Ce livre originellement publié en 2007, traduit de l'allemand, cherche à éclairer les débats sur la biopolitique en offrant des orientations générales sur ce sujet, qui traverse les frontières conventionnelles des disciplines et déstabilise le champ intellectuel. Cette « introduction » a donc deux objectifs: elle cherche d'une part à produire une vue générale de l’histoire de la notion de biopolitique et, d’autre part, elle explore sa pertinence à l’aune des discussions théoriques contemporaines. Ainsi, l'ouvrage montre que ce que Thomas Lemke appelle les conceptions « naturalistes » et les positions « politistes » de la biopolitique ne suffit cependant pas à restituer la richesse de la notion, dans la mesure où ces axes supposent l’un comme l’autre une relation stable entre les deux termes (la politique, la vie). C’est au contraire la friabilité et l’instabilité de cette relation qui est au cœur de l’approche renouvelée de Lemke, dans le sillage du travail entrepris par Michel Foucault (et en repartant des textes de ce dernier): une approche que Lemke caractérise de relationnelle ou d’historique, puisque la biopolitique est considérée comme une frontière entre la politique et la vie bien plus que comme un potentiel recouvrement de l’une par l’autre. Thomas Lemke reste une référence européenne incontournable sur la notion de biopolitique, une notion de plus en plus présente dans notre quotidien sans que nous la formulions ainsi. Pensons à l'essai publié par Paul B. Preciado Testo Junkie. Sexe, drogue et biopolitique (Points, 2021).