Dans la très longue histoire de l'Égypte pharaonique, les derniers siècles du III^e millénaire avant notre ère – la fin de l'Ancien Empire et de ce que l’on a coutume d’appeler la Première Période Intermédiaire – ont été jusqu’à présent jugés, à juste titre d’ailleurs, particulièrement obscurs par les historiens modernes. Souvent décrits selon un schéma très simplificateur, ils représenteraient une césure majeure : chute brutale de l’Ancien Empire à l’issue du très long règne de Neferkarê-Pépy II, suivie d’une période de chaos, d’où émergent à peine de pâles roitelets héracléopolitains, jusqu'au redressement qui marque, avec l'avènement de la XI^e dynastie (celle des Montouhotep), le début du Moyen Empire.
Au contraire, les résultats récemment acquis par les fouilles semblent fournir les indices très divers d’une continuité – et non pas d’une rupture. À la lumière des observations actuelles, essentiellement archéologiques, il ne convient plus désormais de dessiner une frontière trop abrupte entre les derniers souverains memphites et les Héracléopolitains. Dans le courant du règne de Pépy II sont déjà en place certaines des caractéristiques considérées jusqu’ici comme particulières à la Période Intermédiaire, laquelle pourrait d’ailleurs se limiter à quelques générations.
En confrontant des découvertes toutes nouvelles et d’intérêt considérable, reflétant des situations variées, ce recueil de contributions invite à la prudence vis-à-vis des interprétations jusqu’ici fournies et à la critique de la chronologie historique traditionnelle.