Les camps de la Seconde Guerre mondiale sont des sites archéologiques comme les autres. Depuis une trentaine d'années, ils font l'objet de fouilles préventives car ils sont, comme de nombreux témoins matériels du passé, menacés de destruction par des projets de construction. Alors que la dernière génération des survivant-es de la Seconde Guerre mondiale s’éteint, l’archéologie documente les empreintes parfois très discrètes que les camps, ces aménagements volontairement précaires, ont laissées dans le paysage. Le catalogue de l’exposition Dans les camps. Archéologie de l’enfermement présente les résultats de ces explorations menées dans onze lieux d’enfermement, répartis entre l’Allemagne, la France et la Pologne. Les objets mis au jour nous confrontent de façon tangible aux efforts déployés par des millions d’individus pour s’adapter et résister à l’enfermement collectif. En choisissant de présenter des vestiges mis au jour dans différents types de camps: camps de concentration, camps de travail forcé et camps de prisonniers de guerre – cet ouvrage propose de réfléchir à « ce qui fait camp » d’un point de vue archéologique, en partant des traces matérielles que ces lieux ont livrées. Par-delà les acquis de connaissances sur des questions liées à la vie quotidienne dans ces lieux d’exclusion et de maltraitance, à la place qu’occupe le travail, au contrôle des corps et à la résistance physique et psychologique des interné-es, cette approche invite à s'interroger sur les vecteurs de la mémoire des camps et le rôle dévolu à leurs vestiges matériels.