Nous connaissons une soixantaine d'ateliers de potiers ayant produit des amphores en Gaule Narbonnaise. Ceux‑ci, prospectés ou fouillés, constituent un corpus exceptionnel. Ce livre est l’occasion de donner leur contexte archéologique, d’indiquer les timbres utilisés lorsqu’il y a lieu et de faire le point sur le contexte géologique et les argiles utilisées. Dans une étude pluridisciplinaire, nous avons cherché à définir les caractéristiques géochimiques des centres de production par zones liées à la géologie des argiles. Nous avons aussi tenté de déterminer et localiser des officines que nous ne connaissions pas, mais dont avions la trace par la présence sur les marchés, ou le long des voies de commerce, de séries d’amphores timbrées originaires de Narbonnaise, comme le montrent leurs caractéristiques typologiques et technologiques.
Fortes de cette base de données, nous avons tenté de voir dans quelle mesure il était possible d’attribuer une zone de production, et par là un vignoble, à des lots d’amphores de Narbonnaise non timbrées exportées sur de grands marchés de l’Empire. En effet, des types identiques ont été fabriqués dans l’ensemble de la Province, notamment des Gauloise 4 (G. 4), amphores typiques du grand commerce, dont la forme est standardisée et la pâte calcaire de même apparence dans toute la Narbonnaise. Si les inscriptions peintes sur la panse et le col désignaient la qualité du vin et son origine, elles ont disparu, à de très rares exceptions près. Ainsi seule la comparaison des compositions chimiques des amphores exportées à celle des ateliers ou des zones de production permet-elle de déterminer aujourd’hui une origine géographique. Nous avons tenté l’expérience en analysant des amphores Gauloise 4 exportées vers les confins nord de l’Empire ou encore Ostie, le port de Rome.

Some sixty workshops of potters producing amphorae in Gallia Narbonensis are known; those surveyed or excavated constitute an exceptional corpus. This book offers a survey of their archaeological context: presenting the various stamps known; and discussing the geological context, as well as the clays. In this multidisciplinary study, we have aimed at defining the geochemical characteristics distinguishing the different production centres, seeking links to the geology of the clays. We tried to identify and to localize unknown workshops –of which traces were preserved by the presence of stamped amphorae series originally from Gallia Narbonensis (as revealed by typological and technological features)– in markets, or along the trade routes.
Based on this data, we have attempted to see whether it was possible to assign a zone of production –and thus a vineyard– to unstamped amphorae of Gallia Narbonensis exported to the large markets of the Empire. In fact, identical types were manufactured in the entire Province –notably the Gauloise 4 (G. 4) amphorae typical of large-scale trade, of which the form was standardized and the calcareous paste of identical appearance in all of Gallia Narbonensis. If inscriptions painted on the body and neck designated the quality of the wine and its origin, with very rare exceptions, they have disappeared. So, it is only the comparison of the chemical compounds of exported amphorae with those of the workshops or zones of extraction that permit the identification of a geographic origin today. We have made experiments analysing Gauloise 4 amphorae exported to the northern limits of the Empire and to Ostia, the harbour of ancient Rome.