Cet ouvrage présente une série d'investigations conduites dans le cadre d'un programme collectif de recherche qui a concerné la Basse-Loire, entre Nantes (Loire-Atlantique) et Monjean-sur-Loire (Maine-et-Loire). Cette partie de la Loire est ici abordée en croisant archéologie et géoarchéologie, suivant une démarche innovante qui vise à analyser, sur la longue durée, les relations entretenues entre ce grand fleuve européen et les sociétés riveraines. L’enquête s’inscrit dans le prolongement d’études amorcées au XIX^e siècle, en lien avec des travaux de régulation du cours de la Loire initiés dès le milieu du siècle précédent et destinés à en maintenir la navigabilité. La mise en place de digues et d’épis et les opérations répétées de dragages ont en effet eu un impact important sur la mise au jour, la destruction ou l’enfouissement de vestiges archéologiques très variés: aménagements de berge et de franchissement, canaux artificiels, systèmes de pêcheries, habitats riverains ou encore épaves d’embarcations. Les sites étudiés, répartis dans deux tronçons qui ont évolué de manière bien distincte et ont bénéficié de formes d’analyses différentes et adaptées, forment autant de fenêtres qui illustrent l’évolution du fleuve et la manière dont l’Homme l’a utilisé. Un premier tronçon est ainsi localisé en fond d’estuaire, à la traversée des agglomérations de Nantes et de Rezé, espace sur lequel ont été réunis et étudiés des sondages géotechniques et palynologiques, des données archéologiques et historiques, avec pour objectif d’appréhender la manière dont le fleuve s’est transformé durant les 8?000 dernières années. Le second tronçon, en milieu fluvial, est compris entre Ancenis et Saint-Florent-le-Vieil. À l’ouest de cette dernière commune, en rive gauche et à l’embouchure de l’Èvre, une fouille programmée a mis au jour des vestiges de moulins du haut Moyen Âge conservés dans un chenal. Une prospection terrestre et subaquatique a par ailleurs révélé la présence dans le lit mineur du fleuve de nombreuses pêcheries datant du Moyen Âge. Dans ces mêmes secteurs, une première approche documentaire a permis de mesurer le potentiel des archives traitant des activités ligériennes contrôlées par l’importante abbaye bénédictine de Saint-Florent-le-Vieil. Enfin, sur la rive droite, entre Ingrandes et Anetz, une opération d’archéologie préventive, doublée d’une étude géomorphologique et environnementale, a établi l’existence d’un canal long de 15 kilomètres, creusé entre les IX^e et XIII^e siècles pour desservir les villages avoisinants. Les données ainsi rassemblées permettent d’établir un bilan renouvelé, utile non seulement à la poursuite des recherches mais aussi à la sauvegarde de vestiges archéologiques fortement menacés par l’érosion. Elles contribuent aussi à donner une épaisseur historique à la compréhension de la dynamique de la Loire, fluctuante au fil des siècles, et à ses incidences sur les sociétés passées et actuelles.