Depuis plus de 1000 ans, le culte marial se maintient dans l'Europe du Nord-Ouest comme dans d’autres régions du monde. Ce constat d’une réalité sur la longue durée ne peut pas s’expliquer uniquement par des effets de mode, des circonstances favorables : il s’agit d’une réalité objective qui s’est construite sur des bases religieuses, politiques, culturelles en constante évolution et qu’une démarche scientifi que et laïque peut tenter d’éclairer. Loin d’être une simple « superstructure » au regard des éléments fondamentaux que seraient la vie économique et les évolutions politiques, la croyance a été et demeure un paramètre personnel et collectif pour une grande partie de la population mondiale. Dans cette prise de conscience de l’importance du fait religieux, le culte rendu à la Vierge tient une place particulière qui demeure d’actualité : Lourdes, Fatima, Czestochowa vivent au rythme marial. Entre les hypothèses faisant état d’un déclin de la foi et celles qui, au contraire, remarquent, au travers du maintien de ce culte ancestral, une permanence du sentiment religieux, il y a incontestablement place pour construire un espace de recherche. Cet ouvrage tente de saisir ce phénomène de manière résolument plurielle et multidimensionnelle en évaluant les grandes périodes d’apogée et de crises dans l’histoire de cette dévotion mais aussi en s’attardant sur des pratiques particulières relevant de la micro-histoire. La pérennité d’un tel culte au long des générations traduit la solidité des fondements tout autant émotifs, affectifs que théologiques. Cependant, au fi l du temps se manifestent des périodes de reflux où s’expriment des contestations, des dénégations quelquefois engendrées par les excès d’une telle ferveur. Nés de manière quelquefois spontanée ou portés par des légendes, des traditions qui demandent à être revisitées, les cultes mariaux continuent d’intriguer les chercheurs tant par la vitalité et la variété de leurs manifestations que par le paradoxe du mélange de traditions et de modernité.