À travers des contributions sur le Mali, la Tunisie, l'Algérie et le Sahel, il s'agit de s’interroger non pas sur la dimension post-coloniale de ces sociétés, mais, en amont, sur leur situation à l’orée de la colonisation. En effet, l’irruption coloniale ne fait pas disparaître les mondes et les historicités auxquels elle tente de s’imposer. De la sorte, une histoire du fait colonial qui ne donne pas toute leur place aux acteurs locaux à partir de leurs langues, de leurs archives et de leurs pratiques sociales manque une partie de son objet. Au contraire, en repartant de la diversité de la documentation disponible et des articulations fines entre sociétés locales et colonisateurs, il est possible de restituer toute la complexité, la dynamique et la stratification de ces mondes de rencontres trop souvent vus à travers le prisme européen.

Ce dossier est accompagné d’un ensemble de comptes rendus ainsi que de deux articles portant sur la question de l’« expérience naturelle » dans la théorie économique contemporaine et dans la mise en oeuvre sur des objets historiques.