La friche évoque immédiatement l'abandon, la désolation, la mort du territoire. L'opinion publique se montre choquée par le phénomène, dénaturé par des médias à sensation, tant le paysage relève non pas de la nature mais de la culture. À supposer que la friche existe, est-on sûr de ne pas confondre jachère, friche et déprise ? L’ampleur des terres enfrichées est-elle réellement attestée ou essentiellement phantasmée ? En somme, les idées générales correspondent- elles à des réalités de terrain ? Les Hautes Terres du Massif central, largement visées par le débat (même si depuis un siècle le Massif central n’est plus la "tête chauve" de la France), ont fait l’objet d’enquêtes de terrain menées par des géographes, lesquels restituent ici leur démarche et leurs résultats : définir les termes, quantifier l’étendue de la déprise, s’interroger sur les causes et souligner les différences spatiales à l’intérieur du Massif central permet d’aborder tout autrement le phénomène, qui n’est le plus souvent qu’une transition vers la forêt.