Les contributions du volume mettent en avant les utilisations et les effets réels de la musique et, notamment, le rapport privilégié des pratiques musicales aux émotions. L’histoire du disque en est un bon exemple : les améliorations des procédés discographiques ont en effet instauré un face-à-face entre l’artiste et l’auditeur, ce dernier pouvant désormais mettre en relation, à tout moment, ses états émotionnels et la musique. Les disc-jockeys, tout en mobilisant leurs savoir-faire et leurs références esthétiques en fonction du contexte de performance, doivent en même temps prendre en compte leur propre plaisir et les émotions du public qu’ils font “voyager”. Le chanteur lyrique, quant à lui, utilise sa peur pour faire surgir et transmettre aux spectateurs d’autres émotions. Dans d’autres contextes, les œuvres musicales sont (ré)utilisées pour permettre à certains groupes opprimés de retrouver une fierté, de se construire une identité valorisante. Ce sont aussi les trajectoires personnelles, jusque-là peu satisfaisantes de certaines personnes (ici celles des fans d’Elvis Presley) qui peuvent être réappréhendées et mieux dirigées grâce à l’émotion suscitée par la voix si particulière d’un chanteur. Quant à la musique de fond, écoutée dans l’intimité ou diffusée dans les cours d’aérobic, elle réactive certaines émotions, rythme des situations, coordonne des interactions...