Alors que la mobilisation de l'été 1914 sépare les familles des jeunes hommes partis combattre aux frontières, la correspondance devient essentielle; elle seule maintient les liens au sein d'une famille d'ingénieurs entre le front où se battent les quatre fils et Bordeaux. Après avoir construit le port de la Goulette (Tunis) et amélioré l'hygiène publique et la voirie à Lyon, le père, Eugène Resal, ingénieur des ponts et chaussées, dirige la Compagnie électrique des tramways omnibus de Bordeaux depuis 1900. Ses fils se passionnent pour l'aéronautique naissante et entreprennent des études d'ingénieurs. Avec le conflit mondial, leur vie est bouleversée. Bordeaux devient la capitale et le port indispensable à la mobilisation de l'arrière. La correspondance entre le père et son fils aîné, artilleur, de Charleroi au Chemin des dames et à Verdun, parle à la fois d'affection, de la vie des civils, des blessés, des coloniaux et des Américains à Bordeaux, mais aussi des décisions politiques et stratégiques, la famille Resal étant proche de généraux et du sénateur Jeanneney, bras droit de Clemenceau.