Dans l'Europe de la Seconde Guerre mondiale, la production massive d’armes, caractéristique des «?guerres totales?» du XXe siècle, et la politique de collaboration économique ont bouleversé les rapports de genre dans les sociétés en conflit. À rebours des approches classiques, ce livre explore la vie quotidienne des ouvrières françaises à Berlin entre 1940 et 1945 et examine les dynamiques transnationales de la production du genre, autorisant à penser les histoires des femmes comme des réalités liées, interdépendantes, plutôt que comme des expériences parallèles.

Entre 1940 et 1945, près de 80 000 femmes quittent volontairement la France pour travailler dans les usines d’armement en Allemagne et se trouvent intégrées à un vaste système d’exploitation des étrangers dans lequel elles sont fortement assignées au travail. Le couple et la maternité doivent alors se réinventer dans les détours de la ville et aux marges du camp, à mille lieux de la restauration de l’ordre familial prônée par le régime de Vichy.

En racontant ces trajectoires occultées, l’ouvrage met en lumière les amnésies sélectives de la mémoire nationale et tire de l’oubli les histoires dissonantes bousculant l’ordre établi des rapports hommes-femmes.