Personnalité hors du commun du mouvement social-démocrate autrichien, mais également acteur reconnu sur la scène internationale, Bruno Kreisky a sans doute fait avancer la société de son pays et servi les relations entre les peuples. Il a réussi là où Otto Bauer, son père spirituel, a échoué : gagner les deux cent mille voix d'électeurs qui avaient constamment manqué à la Social-démocratie sous la Première République, pour obtenir la majorité absolue et par là le pouvoir. Objectif qui, tout compte fait, était illusoire, car en obtenant cette majorité par trois fois, en accomplissant des réformes sociales et démocratiques, en modernisant l'Autriche, Kreisky et son équipe ont dû découvrir les limites du simple pouvoir politique. Kreisky a bien changé la société autrichienne qui, sous son règne, est certes devenue moins conservatrice et plus ouverte, mais il n'a pas pu changer de société. Ainsi, après une période de treize ans de l'ère Kreisky, le reflux a commencé et c'est sans doute dans les règles de la démocratie libérale. Aujourd'hui, on peut se poser la question de savoir si ce reflux est encore résistible et jusqu'où, dans le cas contraire, il se poursuivra.