En quelques années, la municipalité fasciste de Milan transforme en boulevard le canal qui depuis le 12e siècle traversait la ville. L’opération est alors considérée comme un exemple de modernisation, même si ce coup de force est devenu depuis emblématique de l’urbanisme fasciste. Ce moment de crise est envisagé comme un laboratoire privilégié d’histoire urbaine. En inversant le regard habituel, il s'agit d'observer les politiques urbaines par le bas, et ainsi de restituer la parole des habitants. La question du pouvoir dans l’Italie fasciste est pensée à partir d’une analyse relationnelle : les litiges et les compromis sont autant de configurations dans lesquelles se jouent les rapports entre pouvoir central, pouvoir local, propriétaires et locataires. Les canaux enterrés de Milan contribuent à la réflexion sur la capacité de l’urbanisme à discipliner le territoire et celle d’un régime à encadrer la société.