Dans cet ouvrage, dense et richement documenté, l'auteur recherche, en examinant les grandes étapes de la construction du droit de la protection sociale, si le veuvage féminin fut un jour considéré comme un risque social.
Le constat est tragique. La situation matérielle dramatique de nombreuses veuves n'a guère suscité l’ardeur du législateur, surtout dans les premières décennies de la Troisième République.
De 1870 à 1920, la veuve reste largement ignorée des pouvoirs publics. Il existe des formes d’aide traditionnelles dans la sphère du privé auprès desquelles la veuve trouvera quelques secours. L’ouvrage apporte ainsi des illustrations vivantes sur les formes de solidarité, la mutualité, l’assistance privée et publique avec l’application des grandes lois qui organisent une protection sociale dont la veuve ne jouit que partiellement et indirectement à travers son mari. Mais, l’impact de la guerre sur la protection sociale de la veuve reste relatif ; elle ne bénéficie que d’une protection dérivée de celle de son mari. La veuve de guerre obtient certes la mise en place de mesures favorables, mais la perception du veuvage féminin change peu et le législateur ne l’envisage à aucun moment comme un risque à part entière.