Ce numéro varia aborde sous divers angles les conditions d'exercice de la domination et les formes d'insoumission.
La soumission des cadets à l'autorité des aînés est une figure de l'anthropologie politique des sociétés camerounaises que Frank Beuvier réexamine de façon à comprendre les strates sous-jacentes aux mobilisations de la jeunesse.
Au Burkina Faso, la domination sans partage du parti CDP de Blaise Compaoré continuait de s'exercer lors des élections législatives de 2012, mais les chansons de la campagne révèlent selon l'analyse de Delphine Manetta une économie complexe du don qui procède d'une "mise en foutaise" des puissants et des ressources qu'ils mobilisent.
À Bamako, la construction d'une maison, l'accès à la propriété est une étape décisive de la réalisation de soi, dont les processus et les enjeux sont décrits par Isaie Dougnon, tandis que les locataires sont mis en position d'indignité et d'humiliation.
À une autre échelle, dans le contexte de la reconfiguration des relations internationales au début des années 1960, Konrad Banaś montre comment le Maroc a contesté l'accès de la Mauritanie à l'indépendance, pour affirmer sa domination historique sur ce territoire, tout en étant contraint de céder aux arbitrages de l'ONU.
À Haïti, après l'indépendance concédée en 1804, la libération de la domination intellectuelle française s'est exprimée dans les années 1830 par la création d'un Cercle littéraire étudié par Joseph Délide.
En 1921, l'écrivain antillais René Maran obtenait le prix Goncourt, pour son roman Batouala, qui préfigurait le mouvement de la négritude. Cette reconnaissance attisa des rivalités concentrées dans le procès en diffamation que le politicien Blaise Diagne a intenté contre Maran, sur la défense duquel Roger Little apporte des pièces inédites.
Le numéro se termine par un texte posthume de Jean-Marie Bouron sur l'architecture des lieux de culte catholiques en Afrique de l'Ouest qui font aujourd'hui l'objet d'un réinvestissement patrimonial.