Santiago de Cuba est un exemple unique dans la Caraïbe : fondé en 1515 avec un tracé régulier, redéfini à la fin du XVII^e à l'image des villes campements comme Santa Fe, Espagne. Le développement social et urbain présenté par les auteures est basé sur une étude rigoureuse des documents, plans et photos des différentes archives, la plupart inédites. L'ouvrage s’articule sur des dates clés de l’histoire de Santiago, périodisation nouvelle qui s’écarte de celle de La Havane, afin de montrer les spécificités urbaines, sociales, économiques et écologiques de Santiago : les changements urbains à partir de 1788 avec le gouverneur Vaillant, l’arrivée des Français provenant de Saint-Domingue et l’impact de cette émigration sur la ville ; les flux migratoires entre la France et Cuba, notamment entre Bordeaux et Santiago, qui donnent aujourd’hui un riche patrimoine partagé entre les deux pays.
L’éclosion d’abord, puis la décroissance de la ville au moment des guerres d’indépendance, malgré une volonté collective de progrès dans laquelle se détachent, à la fin du XIX^e, des patriotes comme Emilio Bacardí et le groupe de libres-penseurs Victor Hugo pour faire renaître la cité après l’intervention nord-américaine, sont analysées de façon innovante. Si l’idéal collectif de progrès se brise, on voit resurgir une ville embellie par les décorations éclectiques lorsque les codes Beaux-Arts passent par le filtre de l’Amérique du Nord. Santiago offre un patrimoine construit de grande valeur qui arbore ce que des générations de Santiagais ont réalisé pour maintenir la continuité d’un dessein urbain et faire des constructions harmoniques, équilibrées, durables et résistant aux contraintes que la Nature pose depuis des siècles à la région caraïbe.