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Figures de l'art, n° 14/2007La désinvolture de l'art
Coordination éditoriale de Bernard Lafargue |
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:: Résumé
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Dans la préface à la deuxième édition de La Gaya Scienza, Nietzsche célèbre la venue d'un art "göttlich unbehelligte". Pierre Klossowski traduit heureusement l'expression par "divinement désinvolte". Délaissant le grand Minotaure Wagner pour le polichinelle Offenbach, et le public religieux de Bayreuth pour celui, facétieux, des Bouffes Parisiens, Nietzsche nous donne à comprendre que le propre de l'art est de savoir rire de lui-même en nous invitant à savoir rire de nous-mêmes, afin de rendre la vie plus belle. Ce faisant, il retrouve le concept de "sprezzata desinvoltura", que Castiglione forge au début du XVIe siècle pour qualifier le mode d’être gracieux, fortuné et “juste” du “parfait courtisan”. À l’image de la peinture, que Léonard vient de délivrer de la case des arts mécaniques pour en faire une “cosa mentale”, un trait d’esprit dans tous les sens du terme, le parfait courtisan est “superficiel par profondeur”. Parfait oxymore, il cache ses gammes en prenant soin de montrer que tout ce qu’il fait est venu sans peine et presque sans y penser; “comme si” c’était un don du ciel ou de la nature. Non pas sur le modèle de la dissimulation, empressée et opportuniste, du Prince de Machiavel, pour lequel la fin (de l’état) justifie les moyens les plus ignobles, mais sur celui de la “pansimu-lation”, nonchalante et intempestive, des artistes renaissants, qui considèrent que les moyens mis en oeuvre (dis)qualifient absolument la fin recherchée (la vie belle). La juste désinvolture ne se moque des forces mortifères de son temps que pour mieux stimuler ses forces vives. C’est pourquoi, elle s’adresse à “tous et à personne”. Le “simple”, le “demi-habile”, et le “mystique”, dont Pascal tire l’échelle d’Il Cortegiano, peuvent bien être éblouis par sa trouble clarté, ils n’y voient que du feu, car ils sont obnubilés par l’esprit de lourdeur. Seul celui qui s’est rendu suffisamment “habile”, et dont le sérieux semoque du sérieux, peut distinguer son “justemilieu” et en jouir. Un ton au-dessus ou au-dessous, et la juste désinvolture vire à l’affectation du cynisme: cynisme par excès de l’Idée qui méprise le monde des apparences au nom d’un “monde vrai”, ou cynisme par défaut de l’apparence qui soumet l’homme au seul règne du divertissement.
Titre
Figures de l'art, n° 14/2007
Sous-titre
La désinvolture de l'art
Partie du titre
Numéro 14
Coordination éditoriale de
Bernard Lafargue
Revue
Figures de l'art
ISSN
12650692
Éditeur
Presses de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour
Mots clés
art, histoire de l'art
Public visé
06 Professionnel et académique
CLIL (Version 2013-2019 )
3667 ARTS ET BEAUX LIVRES
Date de première publication du titre
01 février 2008
Code Identifiant de classement sujet
93 Classification thématique Thema: AGZ
Support
Livre broché
ISBN-10
2353110045
ISBN-13
978-2-35311-004-9
GTIN13 (EAN13)
9782353110049
Référence
115599-84
Date de publication
01 février 2008
Nombre de pages de contenu principal 366
Format
17 x 24 cm
Poids
900 gr
Prix
29,00 €
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115599-84 |