Souvent confronté à la « lenteur » de certains élèves dans sa pratique d’enseignement spécialisé, l’auteur s’est intéressé aux temporalités observables dans une situation classique d’enseignement. Il entame sa recherche comme « une promenade anthropologique au long cours, parsemée de rencontres d'enfants actifs, d'enseignantes curieuses, de découvertes et de surprises ». Son étude porte sur la situation suivante : deux problèmes d’arithmétique élémentaire sont présentés par deux enseignantes spécialisées à des groupes d’élèves dont les potentiels d’apprentissage sont en principe différents ; l’observation porte sur cinq leçons.

Ces deux systèmes d’enseignement spécialisé sont analysés dans la perspective du contrat didactique et du contrat didactique différentiel ; le triplet chronogenèse, mésogenèse et topogenèse met en évidence la dimension des temps propres à l’action enseignante ou apprenante. L’approche comparatiste permet de mettre en évidence des similitudes et des écarts dans la gestion de la tâche par les enseignantes et dans les comportements des élèves. L’étayage des enseignantes est très présent, très proche des représentations des élèves ; quant à la comparaison, elle met en évidence, au fil du déroulement des leçons, des dimensions génériques des procédés didactiques déployés.

Cette recherche exploratoire, dans un contexte didactique spécifique en enseignement spécialisé, pose dans sa conclusion la question de la mémoire didactique qui pourrait jouer le rôle d’articulation entre le temps didactique personnel de l’élève et celui du système didactique.

Bernard Savoy est enseignant spécialisé au Service de soutien pédagogique spécialisé de la fondation de Verdeil (Vaud). Il est également chargé d'enseignement à la Haute école pédagogique à Lausanne, attaché à l'Institut de pédagogie spécialisée.