Dans les années 1970, le cirque français traverse une période de profondes transformations esthétiques, économiques, institutionnelles. Spectacle réputé populaire, touchant potentiellement tous les publics, « le » cirque est aussi dit traditionnel ou contemporain ; d'un genre « mineur », il est aujourd’hui soutenu et consacré par les institutions et les acteurs de la Culture. C’est ce changement de statut et de reconnaissance qui est ici décrit et analysé, à partir d’une enquête portant plus spécifiquement sur une discipline circassienne emblématique : le trapèze. Plus de cent cinquante ans après La course aux trapèzes de Jules Léotard, premier numéro de trapèze volant présenté dans un cirque, les trapézistes sont toujours là. Ils investissent désormais d’autres espaces que la piste (rues, scènes, centres d’art et d’essai) et donnent à voir des productions déclinant une large palette esthétique. La permanence de ces corps acrobates et d’un agrès rappelant si fortement les images d’un cirque parfois pensé comme immuable a constitué le point de départ d’une recherche aux confins de l’histoire, de la sociologie et de l’anthropologie. Qui sont aujourd’hui les trapézistes ? Que disent-ils de leur activité ? Comment s’inscrivent-ils dans un cirque devenu multiple ?