Peut-on parler d'une sociabilité spécifique de la rue, lorsqu'on sait la polysémie de la notion de rue ? De l'Antiquité à nos jours, les réponses apportées dans ce volume s'articulent autour de trois thèmes : le rôle du paysage urbain, les pratiques sociales et l'imaginaire politique, religieux et festif. Dans cet espace collectif, la sociabilité ne va pas de soi, parce que l'homme dans la rue, au moyen d'un jeu subtil de distance et de proximité, est partagé entre la territorialisation du moi et le rituel d'interaction. Lieu d'apprentissage de l'Autre, de reconnaissance sociale et d'intégration (l'homme de la rue), la rue est aussi symbole d'exclusion (l'homme à la rue) et espace de régénération individuelle, d'individualité solitaire. Lieu subversif, de désordre, de confusion sociale, de mauvaise réputation, la rue n'en est pas moins régulée, hiérarchisée, appropriée, rythmée. Rue démocratique et contestataire, mais investie et maîtrisée par le pouvoir. Quelle que soit la menace que l'urbanisme fait peser sur la rue, elle demeure un lieu d'observation idéal des formes du lien social, donc des types de sociabilité, des rapports privé-public, intérieur-extérieur.