Née en 1994 dans les Hautes Alpes, Marie Lafaille grandit au milieu des cordes, des crampons, des piolets et des cartes IGN. Au début de son adolescence, la disparition du corps de son père dans l'ascension du Makalu en Himalaya la positionne dans une quête : elle recherche dans les archives, déploie les cartes, lit les récits d'expéditions. Son questionnement de la rencontre du corps et du paysage, commence à travers la pratique de l’alpinisme. Émerge de ces recherches une production plastique qui provoque l’exposition Là haut , à la galerie du losange de Grenoble. C’est par ces travaux qu’elle intègre les beaux-arts de Limoges.
De ses années d’études émerge un positionnement où la marche est sa manière de rentrer dans un travail qui a toujours pour trame de fond la disparition. Les prémices de ses recherches se construisent dans le cœur même des territoires qu’elle traverse. Artiste pluridisciplinaire, de retour à l’atelier c’est par l’installation, la sculpture et le bijou contemporain qu’elle fait émerger les mémoires des territoires et de leurs expériences. Lors d’un Erasmus de 6 mois en Finlande, elle puise dans cet espace naturel ; réflexions, gestes et fictions ; qui donnent naissance à ses pièces de DNSEP, diplôme qu’elle obtient en juin 2022 avec les félicitations du jury.
Durant sa dernière année à l’ENSA Limoges, elle performe Le sol est un palimpseste à Julio artist-run space, à l’occasion du vernissage de l’exposition Mondes ouverts durant le week-end grand Belleville à Paris. Cette même année, elle candidate au workshop organisé par le labo CCE au Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal. De cette expérience inédite avec les souffleurs de verre naissent : Les jumelles et Les conquérants de l’inutile. De la création de ces pièces découle une invitation à participer à l’exposition Topographie contraire à la Box de Bourges et à l’exposition New Edge au Ciav de Meisenthal, en 2023, toutes deux initiées par Michel Paysant.
Suite à son diplôme, Marie Lafaille répond à une invitation du frac artothèque Nouvelle Aquitaine pour créer et animer un atelier dans le cadre de La croisière de l’art. Sélectionné par la galerie Marzee, c’est aux Pays-Bas que ses bijoux contemporains sont exposés à l’occasion du 36th Marzee International Graduate Show.
Début 2023 c’est sur le sol de la Turquie qu’elle engage une traversée, mais sera marquée et stoppée par le séisme du 6 février proche de Gaziantep. Cette secousse transpire dans la production qu’elle débute les semaines suivantes lors de sa résidence de recherche et création au Centre International d’Art et du Paysage (CIAP) de Vassivière. Dans un état de fragmentation, il est question du sol, de ses mémoires et de la transformation brutale des paysages. Invitée par le CIAV de Meisenthal pour une nouvelle production dans leurs ateliers, les « galets » de verre prennent forme et sont présentés dans l’installation Résurgence qui aborde les villages engloutis par la création du lac de Vassivière et l’expropriation de ces habitants. Durant cette résidence, Marie Lafaille participe à une interview Les nouveaux visages de la culture, pour LE UN HEBDO et prend part à une causerie qui donnera lieu à un podcast, initiée par l’association « Clermont-Ferrand Massif central 2028 » : L’art de sentir comme tout se tient.
Sélectionnés pour la biennale d’art contemporain du verre de Troyes, pour fin 2023, Les conquérants de l’inutile, Géo-jumelle et Résurgence pourront être expérimentés par le public dans l’espace d’exposition.
Sur les sentiers, au contact direct du sol, ce sont les territoires qu’elle aborde et l’expérience que nous en avons. Les étés, l’artiste, sac sur le dos, prend de la hauteur avec son travail. Aide gardienne de refuge d’altitude dans les Alpes elle retisse avec la montagne, et réceptionne les expériences que les marcheurs ont sur ce terrain.